L'histoire de Mille et Un Djinns

« ILS NOUS AVAIENT PROMIS LA PAIX » Mais tout comme le temps, les promesses s’effritent et ne laissent derrière elles que de la poussière. La même qui flotte dans l’air pesant, dissimulant deux silhouettes derrière son manteau brumeux. Leurs turbans noirs contrastent avec l’éclat des toits dorés et des murs pâles de Jézaléhem. Tel un mirage, ils disparaissent au détour d’une rue, soulageant le jeune homme caché non loin. Qu’a-t-il fait pour mériter cela ? Il ne s’en souvient pas. Même ses souvenirs ont fini par fuir, s’écoulant comme du sable entre ses doigts. Seules les runes tatouées sur son corps lui rappellent le jour impie où il a compris qu’il serait désormais leur proie. Traqué. Recherché. Exterminé. Un cri d’effroi résonna, le ramenant définitivement à la réalité. Le souffle court, les mains tremblantes, il bondit hors de sa cachette et se mit en direction du souk, où il pourrait retrouver le réconfort factice des siens. Car dans le plus grand secret, derrière les étales et rideaux de soie, se murmurent de doux rêves de liberté. La rébellion s’organise et il est temps d’y prendre part, d’unir ses forces pour mettre fin aux croisades.

Après tout, ce n’est pas un fugitif.
C’est un djinn.

LA PREMIÈRE CROISADE (1096 - 1099) On raconte qu’en voulant conquérir le désert, les humain·e·s l’anéantirent. Usant et abusant de la magie des djinns, iels se tournèrent en monstres. Les premières goules. Chaque nuit, avares, paresseux·ses et autres mécréant·e·s ayant tenté de tromper le destin se transformaient en créatures à la faim inépuisable. Jézaléhem était acculée, dévastée. Pour faire face à ce cauchemar et limiter les excès de magie, le sultan imposa la mise en place de pactes. Quiconque souhaiterait désormais s’offrir les services d’un djinn devrait se lier à iel par un pacte, limité à trois vœux. Mais peu à peu, iels gagnèrent en influence et puissance, provoquant de grandes craintes parmi la population. La Première Croisade naquit de l’orgueil d’un homme nommé Akrep, auto-proclamé roi après avoir fait assassiner son souverain. Elle devait être la seule. L’unique. Sensée rétablir l’équilibre et la sécurité. Elle fut plus dévastatrice que salvatrice : les pactes et l’utilisation de la magie furent interdits sous peine de mort, forçant les chaman·e·s et les djinns à vivre dans la clandestinité. En trois ans seulement, plus d’un tier de la population fût exécutée quand l’autre moitié, trop terrorisée pour se révolter, due se résoudre à collaborer ou fuir vers Zinar Mijûl. La paix était revenue. Au prix de la liberté…

LA SECONDE CROISADE (1147 - 1149) Jamais la Seconde Croisade n’aurait vu le jour si la femme du sultan n’était pas tombée gravement malade. Médecins et chaman·e·s se succédaient à son chevet, tentant jour après jour de confectionner des remèdes plus puissants. Mais rien n’y faisait. Désespéré, le souverain de Jézaléhem n’eut d’autres choix que de contourner la loi en convoquant dans le plus grand secret un djinn. Malheureusement, avant même qu’il n’ait pu tenter quoi que ce soit, la pauvre femme avait rendu l’âme. Fou de chagrin et désireux de ne pas faire ébruiter sa transgression, il fit décapiter le djinn et ordonna qu’une grande traque soit organisée. On dit que c’est sa tristesse qui le rendit fou, provoquant sa chute par la même occasion. Quoi qu’il en soit, il mourut quelques années plus tard, laissant Jézaléhem sans héritier·e et dans une guerre civile la plus totale. Le salut vint des mages du Temple qui, en découvrant le secret des arts mystiques anciens, parvinrent à annihiler la magie. Jugés trop dangereux pour l’humanité, les djinns furent contraint·e·s de se faire recenser et de porter des bracelets d’apaisement. Privé·e·s de magie, ils devinrent de simples mortel·le·s, rejeté·e·s et regroupé·e·s dans des ghettos miséreux. Ceux·celles qui tentèrent de résister furent arrêté·e·s par les templiers et enfermé·e·s dans des reliques, séquestré·e·s pour l’éternité. Les trois mages et frères al-Mujus furent désignés pour monter sur le trône, assurant ainsi une régence en cas de décès prématuré de l’aîné sans descendance. Ainsi se termina la Seconde Croisade, sous le sacre des « rois-mages », dans la terreur et l’effroi.

LA TROISIÈME CROISADE (1189 - PRÉSENT) La paix devait revenir après la Première. Le calme avec la Seconde. Mais rien de tout cela ne se produisit. La Troisième Croisade débute dans le rêve de voir naître un monde nouveau. Une ère de liberté et de justice pour tous. D’égalité entre les peuples en somme. Alors que tout Jézaléhem s’est habitué à vivre sans magie, dans la pauvreté et la délinquance, la guerre éclate suite à l’assassinat de l’archimage du Temple. Toute la ville est bouclée, un couvre-feu instauré et de nombreuses restrictions imposées. Tandis que tout le monde tâche de vivre comme si de rien n’était, fermant les yeux devant les arrestations et fausses accusations, nombreux sont ceux·celles à rejoindre les rangs de la résistance. Face à eux, des citoyen·ne·s humains, nomades ou djinns terrifié·e·s dénoncent leurs voisin·e·s, de grès comme de force. Voilà un an que la Croisade a débuté, et la situation ne fait qu’empirer… Mais l’espoir renaît, car dans la ville éternelle aux dômes dorés, il y a des légendes qui deviennent réalité. Et vous, saurez-vous vous battre pour ce en quoi vous croyez ? (le forum se situe en 1190)